Le tourisme en pleine nature et l’écotourisme peuvent avoir des effets délétères sur le comportement des animaux. Nous avons analysé les conséquences de contacts prolongés et forcés avec l’homme en termes de survie et de dynamique des populations animales. Publié dans Trends in Ecology and Evolution le 10 octobre 2015, nous incitons à prendre en compte les impacts négatifs de ce type de tourisme qui prône la conservation de la biodiversité et non son appauvrissement.
Ces dernières années, le tourisme en pleine nature et l’écotourisme ont pris un essor fulgurant et de récentes données ont montré que les aires terrestres protégées reçoivent actuellement plus de 8 milliards de visiteurs par an (soit plus que la population humaine sur terre). Ainsi, de nombreux animaux se trouvent en contact forcé avec l’homme. Au travers d’exemples tirés de la domestication (oies, poissons, vaches...) et de l’urbanisation (pigeons, écureuils…), nous montrons que les conséquences d’un contact prolongé avec l’homme dans la nature sont multiples. Principalement, les animaux perdent leurs défenses anti- prédateurs à court terme: d’une part, du fait de l'absence temporaire de ces prédateurs lorsque que l’homme est présent. D’autre part, un possible transfert d’habituation peut survenir : les animaux devenus téméraires (c’est à dire moins peureux) face à l’homme le sont également face à leurs propres prédateurs, affectant de façon drastique leur survie. Le phénomène de tourisme en pleine nature et l’écotourisme peut donc avoir des effets délétères sur le comportement des animaux. Il peut également affecter la structure des communautés animales avec des conséquences pérennes en termes de valeur sélective (fitness en anglais) et de dynamique des populations.
Cette étude révèle l’importance d’étudier les conséquences, à long terme de l’écotourisme et du tourisme dans la nature. De plus, la communauté scientifique et les propriétaires et/ou gestionnaires de réserve devraient prendre en compte les impacts négatifs de ce type de tourisme qui a pour but de promouvoir et d’améliorer la conservation de la biodiversité, et non de l’appauvrir.
Référence : How natureKbased tourism might increase prey vulnerability to predators. Benjamin Geffroy, Diogo S. M. Samia, Eduardo Bessa et Daniel T. Blumstein. Trends in Ecology and Evolution.